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Mais où va l’Open Source ? |
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05-04-2005 |
Si en volume global la part de l’Open Source au sein du système
d’Information des entreprises reste modeste, force est de constater
qu’une étape majeure a été franchie début 2003. Depuis plus de deux ans
les débats où les inquiétudes sur la qualité et la fiabilité des
logiciels produits en mode collaboratif ne semblent plus occuper le
devant de la scène.
Bien au contraire. Des logiciels comme Linux, Apache, Mozilla-Firefox
ou Open Office, ainsi que l’implication clé d’acteurs comme IBM, Dell
Oracle ou HP semblent avoir définitivement clos le débat de la
crédibilité de l’Open Source en entreprise ainsi que la question de
savoir s’il s’agit ou non d’un phénomène de mode.
Les DSI semblent désormais avoir intégré l’idée que nombre de logiciels
opérationnels seront issus à terme de travaux collaboratifs mondiaux et
que l’informatique, de plus en plus complexe, entre dans une phase dans
laquelle de nombreux composants génériques deviendront des « commodités
». Outre l’attente, explicite ou non de réaliser des économies, les DSI
ont bien perçu les avantages qu’ils pouvaient attendre d’un tel
mouvement. Que ce soit sur le plan de la normalisation et des
standards, sur celui de l’indépendance vis-à-vis de ses fournisseurs,
où encore sur le plan de la mutualisation des moyens humains de
développement et de maintenance de ces commodités.
Pour autant la rupture de modèle est loin d’être entrée dans les mœurs.
Le mouvement des logiciels libres continue d’interpeller, voir
d’inquiéter dans sa mise en œuvre. Quelle est la pérennité de la
solution Open Source pressentie ? Sur quels partenaires m’appuyer quant
à sa mise en œuvre ? Qui va m’assurer le support et les corrections
d’anomalies en cas de difficultés ? Quelle est la politique d’évolution
associée à ces logiciels (« roadmap ») ? Comment connaître ou évaluer
l’impact de nouvelles versions sur mon organisation et comment
continuer à bénéficier d’un support sur les versions n-1, sont autant
d’interrogations de fond au cœur des préoccupations.
Pour répondre à ces inquiétudes, mais également à la forte demande du
marché les initiatives se multiplient, et les offreurs de solutions
déploient leurs argumentations. Les grandes SSII créent à la hâte leur
départements Open Source, les constructeurs élargissent leur offre de
support, les SSLL (Sociétés de services en logiciels libres) en forte
croissance entrent dans une course à la taille critique…
De façon plus discrète, mais sans doute de façon encore plus profonde,
un autre mouvement de fond est en pleine évolution : celui du modèle
des communautés Open Source. C’est pourtant probablement là que se joue
l’avenir du logiciel libre dans ses relations à l’entreprise.
Pour mémoire, et en simplifiant grossièrement les logiciels libres sont
soumis à des licences qui octroient un grand nombre de droits (usage
illimité, accès aux sources, modification, diffusion, duplication…)
mais qui le protège de toute tentative de récupération commerciale de
type « copyright ». Contrairement à une idée reçue, le logiciel libre
s’inscrit à l’ inverse d’une démarche d’abandon de droit d’auteur. Ses
auteurs restent en effet seuls détenteurs du droit de faire évoluer ses
conditions d’utilisation à savoir la licence qui le régit. Lorsque l’on
sait que par nature, un logiciel libre est le résultat de multiples
contributeurs, chacun pouvant se prévaloir de ses droits d’auteurs, on
touche du doigt une difficulté du modèle et un aspect fondamental de la
chose à savoir la politique de contribution à une communauté, ou plus
largement sa gouvernance. Or dans ce domaine les licences qui régissent
les logiciels libres sont souvent peu loquaces voir muettes.
Si chacun pressent que la taille d’une communauté fait sa force, sa
vitalité et sa pérennité ses principes de gouvernance restent en l’état
affaire de spécialistes . De fait la montée en puissance de l’Open
Source s’accompagne de l’émergence plusieurs modèles très différents.
D’un côté des « fondations » telles que les fondations apache, Mozilla
ou la communauté Object Web mettent en œuvre des gouvernances fortement
ancrées sur la technologie et sur une légitimité de compétences et de
contributions. D’un autre apparaissent des communautés fortement
pilotées par des sociétés commerciales, dont l’accès à la contribution
est intimement lié la politique marketing ou commerciale de
l’entreprise. Souvent de telles communautés mettent également en œuvre
une politique de licences duales, libres ou non, permettant de
commercialiser des version « pro ». On peut citer les cas de MySQL, de
QT ou encore celui du serveur d’application JBoss. La nécessité
juridique de passer à une licence pro ou non étant pour certaines
solutions pour le moins laissée dans un flou entretenu.
Par ailleurs si le marketing réalisé par ces communautés « commerciales
» rassure à court terme, en offrant des repères propres aux éditeurs
propriétaires, la question de l’évolution et de l’indépendance de la
communauté se pose si l’on veut éviter de retomber dans des travers
connus : effets d’annonce des nouvelles versions, dictats les montées
de versions via les politiques de support, priorités marketing des
évolutions…. Rappelons pour conclure que le logiciel libre puise sa
force (et sa pérennité) dans son ouverture et sa diversité. Le
marketing appliqué au « Bazar », pour séduisant qu’il puisse paraître,
pourrait bien à terme s’avérer néfaste à sa nature profonde. Une
dichotomie marquée entre les deux types de communautés pourrait en
résulter. Ces évolutions de fond, associées aux enjeux des débats sur
la brevetabilité garantissent en tout cas de passionnants échanges.
P.Benichou, PDG d’Open Wide
(source: www.progilibre.com) |
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