 Accusé de vendre son âme aux investisseurs privés,
l'organisme clarifie sa position et réaffirme son soutien aux logiciels
libres.
L'accord signé mercredi 17 novembre entre l'Unesco et Microsoft refait
parler de lui. Dans un communiqué conjoint, la Free Software Fondation
(FSF) France et l'April, deux associations de défense et de promotion
des logiciels libres s'inquiètent des effets de l'accord. "L'Unesco
a montré des signes importants de soutien au logiciel libre : elle
dispose d' un portail dédié aux logiciels libres, elle maintient un
annuaire des ogiciels libres avec la Free Software Foundation, elle
soutient le développement du live-cd Freeduc du projet OFSET et ses
dirigeants ont reconnu le projet libre GNU comme 'Trésor du Monde'. A
l'origine, l'Unesco défend les valeurs sociales, culturelles et
humaines. Et aujourd'hui elle sous-traite ses valeurs au secteur
privé", affirme Benoît Sibaud, membre de l'April. Derrière cet
accord, le monde du libre voit une tentative de Microsoft visant à
barrer la route aux logiciels libres dans les pays en voie de
développement. En Asie, en Afrique ou encore en Amérique du Sud, les
logiciels libres gagnent du terrain (lire l'article
du 26/07/2004). "Microsoft détient là une bonne manière de s'infiltrer
dans les pays en voie de développement. Et ça ne lui coûte pas grand
chose car il peut se rattraper sur la marge qu'il réalise sur le prix
de ses licences dans les pays du Nord", indique Benoît Sibaud. Au
cours de l'année 2004, le géant du logiciel a ainsi révélé son projet
"Windows XP Starter Edition", une version allégée de Windows XP
disponible à des tarifs compétitifs aux pays en voie de développement.
Lundi 22 novembre, lors d'un forum organisé avec les représentants des
gouvernements d'Asie, Steve Ballmer, le président du groupe, alertait
les administrations contre les risques juridiques des licences libres. Mais
pour l'Unesco cet accord ne vient pas changer la donne. "Pour l'instant
ça ne change rien, à l'avenir ça ne devrait rien changer non plus",
indique un porte-parole de l'Unesco France. L'accord, précise-t-on à
l'Unesco vise surtout au partage des connaissances. En effet, les trois
projets annoncés par Koïchiro Matsuura, le président de l'Unesco,
concernent successivement : un centre de formation en Afrique du Nord,
la création d'une base commune de connaissances virtuelles et la
formation d'enseignants dans les nouvelles technologies. "Dans
ces domaines, l'objectif est de fournir un enseignement générique, un
peu comme le fait l'European Cumputer Driving Licence. Le but est de
donner les moyens et l'autonomie nécessaire aux pays pour faire leurs
propres choix", souligne-t-on à l'Unesco. Argument contesté par les
associations du libre qui pointent le caractère fermé des solutions
propriétaires. "Le fait de donner la main à un acteur du logiciel
propriétaire risque de limiter le partage entre individus et de créer
artificiellement de la rareté", prévient Benoît Sibaud. Un
risque dont est parfaitement conscient l'organisme qui se déclare
vigilant quant aux moyens à mettre en œuvre pour atteindre ses
objectifs et réaffirme par ailleurs son soutien aux logiciels libres.
"Il est clair qu'au niveau du modèle de développement, le libre demeure
le seul à donner accès au code source intégralement", accorde l'Unesco.
Et les deux acteurs s'accordent à dire que si les logiciels
propriétaires peuvent aider au développement, ils ne contribuent
certainement pas au développement durable.
(source: solutions.journaldunet.com)
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